Le Trail des 3 Pics est une course qui se déroule pas très loin de la maison, dans la Haute-Garonne. Il s’agit d’un aller simple entre deux villages, passant par le sommet de trois pics (le Gar, le Cajire et enfin le Paloumère).
Retour d’expérience sur ce trail relativement difficile avec 52 km et 3 400 m de dénivelé positif (D+) au programme.
C’est donc le samedi 25 juillet 2015 à Saint-Pé-d’Ardet que je démarre cette course. Les trois premiers kilomètres sont relativement roulants et j’en profite pour essayer de me placer un peu mieux – j’ai pris le départ dans les derniers.
Peu de temps après, les choses sérieuses commencent et je m’attaque à l’ascension du Gar qui se trouve 1 200 D+ au-dessus de moi. La météo se dégrade au fur et à mesure que le temps passe. Je suis maintenant dans les nuages, le froid et la pluie. Heureusement, la forêt nous protège du vent que j’entends souffler dans les cimes.
Mais 5km plus loin, au sommet, c’est une autre histoire. Je suis complètement exposé : le vent et la pluie me fouettent le visage. Je suis très surpris de voir certains concurrents simplement vêtus d’un débardeur alors que la veste coupe-vent faisait partie du matériel obligatoire…
La descente est chaotique car extrêmement glissante. Je fais vraiment attention à l’endroit où je pose les pieds mais les glissades sont inévitables. Rien de cassé pour autant, juste beaucoup d’énergie dépensée pour combattre le froid et ce chemin qui voulait me mettre au sol.
Cette partie passée, il reste 8km de descente à effectuer sur une piste large pour atteindre le premier ravitaillement et le premier relais (certains concurrents font cette course à trois). C’est très monotone, mais par chance j’ai trouvé un « collègue » avec qui discuter. Alors on parle de tout de rien et le temps passe très vite. Au ravito, j’apprends que, à cause de la météo, je n’irais pas au sommet du Cajire : au lieu de ça, nous allons le contourner par la piste forestière… Alors, bien que sachant que ce détour se fait par sécurité, les 6 km de piste qui s’additionnent aux 8 précédents pèsent lourd sur le moral et la motivation.
Après ce long passage sans réellement de plaisir, place à l’amusement avec une descente vraiment folle qui serpente dans les bois pour m’amener au pied du col du Portet d’Aspet. Je prends beaucoup de plaisir à dévaler la pente et j’y laisse de l’énergie. Mais ce n’est pas grave, quel pied ! Cette « folie » terminée, il me faut remonter 400 D+ sur 3 km pour rejoindre le prochain ravitaillement et le relais 2. J’en profite pour me restaurer et remplir mes flasques d’eau.
Je m’attaque maintenant à la dernière grosse côte pour rejoindre le Paloumère, 1 000 D+ au dessus en passant par le très connu, surtout des cyclistes, col du Portet d’Aspet. Je suis au kilomètre 32, les jambes commencent à fatiguer dans la montée. J’ai les bâtons avec moi et ils me sont d’un énorme secours : j’imagine mal pouvoir m’en passer désormais. La montée jusqu’au col est vraiment longue (7,5 km) et il me faut encore 2,5 km pour atteindre le Paloumère. J’y laisse toute mon énergie, j’arrive en haut épuisé mais heureux de savoir qu’il ne reste que 10 km de descente pour rallier Arbas, village d’arrivée. Il ne faut plus qu’espérer que les jambes tiennent le coup. Avec la fatigue, je fais de moins en moins attention à ma posture et à la pose de mes pieds, les chocs sont parfois terribles…
Je me lance à bonne allure dans la pente, ce n’est que quelques minutes plus tard que je comprends qu’il se passe quelque chose. Mes jambes ne veulent plus avancer, je me résigne à marcher mais non sans mal. Mon état empire jusqu’à ne plus pouvoir marcher tellement mes jambes tremblent. J’ai très froid, une barre au front, mes yeux se ferment de fatigue et j’ai les idées confuses. Je ne réalise pas tout de suite mais je suis en pleine crise d’hypoglycémie. Je mange tout ce qu’il me reste de nourriture pour « garder le cap » et rejoindre le dernier ravitaillement au kilomètre 42 km.
J’imagine que des coureurs ont prévenu les bénévoles de mon arrivée car l’une d’elle marche en ma direction les mains chargées de pâtes de fruit et avec une boisson énergisante. Je suis complètement vidé à mon arrivée sur le ravito, je ne sais pas du tout comment je vais pouvoir rejoindre Arbas dans mon état. Mais le corps humain est plein de ressources : dix minutes et une centaine de gramme de sucre plus tard, me voilà remonté à bloc.
Je repense à cette superbe descente dans les bois que j’ai fait quelques heures avant et je décide de prendre autant de plaisir sur celle-ci. C’est un vrai bonheur de pouvoir finir à fond, et il me tarde de retrouver Laeth, qui, comme à son habitude m’attends pour faire le dernier kilomètre avec moi.
Je franchis la ligne d’arrivée à la 24e place en 6h17. Je suis très content de ma course : j’aurais pris conscience des limites de mon corps et surtout de ce qu’il lui faut pour avancer. Cette petite erreur de nutrition ne se reproduira plus, c’est certain !
Je tiens à remercier toutes les personnes qui se sont inquiétées de mon état ainsi que les bénévoles qui m’ont remis sur pied. Sans eux, cette histoire aurait eu une fin bien différente…
Résultats
(avec l’itinéraire modifié)
- Distance : 48,16 km
- Dénivelé : 2 982 m
- Temps : 6’17’46
- Classement : 24ème au scratch, 11ème Senior Homme.
Excellent récit Alex ! On s’y croirait presque 🙂